Après débat, la Commission Exécutive du SNM/CGT a décidé de publier la lettre d’humeur reproduite ci-contre.
Ce qui a provoqué le débat n’est pas tant le fait que la comparaison entre les primes des IPC et le coût de fonctionnement hors personnel d’un CDM soit abusive car incomplète, que le risque de mettre à l’index toute une partie des agents de Météo-France.
Cependant, depuis plusieurs mois, nous sommes amenés à constater que le fossé s’accroît de plus en plus entre les IPC et le reste des agents.
Avec la mise en place du plan stratégique et les grandes manœuvres gouvernementales visant à la destruction de la Fonction Publique et du service public, le rôle des IPC, leur indépendance vis à vis de la Direction interpellent bien évidemment l’ensemble des personnels, et ceci tous corps confondus.
Dans les régions, nos collègues ne connaissent comme représentants du corps des IPC que ceux de la Direction régionale ou de la Direction nationale, ceux-là même qui, actuellement, sont chargés d’annoncer des réorganisations ou des fermetures de services, sans toujours paraître se soucier, semble-t-il, de l’avenir des personnels et de leur travail.
Par ailleurs l’introduction discutable de l’article joint révèle néanmoins que l’accroissement important des écarts salariaux dans notre établissement a des conséquences sur le vécu des agents. La perspective d’une délocalisation ou d’un changement professionnel ne peut être reçue de la même façon selon le salaire perçu..
Dans les services centraux, le partage des tâches et surtout des responsabilités avec le corps des IT reste parfois ambigu et source de conflits latents. Il est aussi souvent reproché aux chefs de service une direction erratique, un refus de prise de responsabilités , un manque de vision à long terme, voire un manque de communication…
A priori, comment en serait-il autrement alors qu’aux niveaux supérieurs, le MEDAD en est encore à s’organiser, et que le Directeur, attendant les ordres consécutifs à la RGPP (révision générale des politiques publiques) et, par conséquent, peu disert, incite de toute façon certains chefs de service à travailler sur les suppressions de centres. Alors que, parallèlement, faute de directives et de perspectives claires, certains projets techniques doivent aller de l’avant comme si de rien n’était, quitte à défaire demain ce qui est plus ou moins acté aujourd’hui.
Pendant des années, la cohabitation de corps différents n’a posé que peu de problèmes aux personnels. La reconnaissance du corps des ingénieurs, basée sur leur niveau de compétences techniques et scientifiques, était acquise.
Plus récemment, l’introduction de techniques « managériales » plus ou moins inspirées du privé, le recrutement de contractuels chargés de promouvoir l’esprit de concurrence commerciale, ont progressivement déstabilisé les agents, et en premier lieu sans doute leur encadrement.
Il est d’ailleurs particulièrement révélateur de constater que, lors des rencontres avec les organisations syndicales, notamment dans les réunions de prévention des conflits, le PDG n’est jamais encadré de directeurs techniques. Dans les CTP, notamment le CTP central, la parole revient essentiellement au PDG, ou à la DRH, voire, bien sûr, au Secrétaire Général.
Pire, lors du dernier CTP DSO, qui traitait de la délocalisation (et notamment de l’avenir indéterminé d’une cinquantaine de personnes), le PDG en est venu à réunir la parité administrative dès avant la tenue du CTP pour lui imposer un vote conforme à ses désirs, refusant par là même aux chefs de service la possibilité d’exprimer leur malaise grandissant face aux préoccupations légitimes de leur collègues.
A ce propos, le SNM/CGT estime que toutes les tentatives d’intimidation qui ont pu être faites dans le cadre de ce CTP/DSO à l’encontre des personnels d’encadrement sont inacceptables.
Chez nombre de cadres du privé s’est développé le sentiment que leurs compétences sont dévoyées pour être mises au service de stratégies d’entreprises décidées en dehors d’eux. Cela percute leur volonté de donner un sens au travail, de développer une éthique professionnelle et une vision de l’entreprise non déconnectée de la société, intégrant des finalités sociales et environnementales. Ce malaise frappe maintenant de plein fouet les cadres du public qui ont de plus en plus de mal à concilier droits et devoirs du fonctionnaire avec les ordres tombant de la Direction et des ministères.
Or la Fonction Publique joue un rôle économique et social déterminant. Elle ne peut être réduite à portion congrue au péril de voir les inégalités et les discriminations s’accentuer. C’est un réel enjeu qui ne peut être appréhendé sous le seul angle d’orientations politiques d’économies d’emplois et budgétaires.
Dans ce cadre, les personnels de Météo France ont, à l’évidence, besoin d’entendre un discours plus centré sur les questions scientifiques et sur la notion de service public. Ils ont besoin d’entendre, de la part de l’encadrement, des expressions différentes du credo imposé par le PDG. De son côté, l’encadrement doit se sentir libre d’agir et réagir. Pour cela, il doit sortir de l’isolement dans lequel la Direction l’enferme progressivement. Pour cela, il existe des syndicats, pour cela, il existe des collègues, de tous corps, avec qui discuter, s’organiser, lutter. Débats et controverses peuvent constituer l’amorce de la résistance…
Nous invitons les collègues IPC à s’exprimer en contactant notre syndicat.
Nous ne devons pas permettre aux divisions et à la souffrance qu’elles génèrent de s’installer durablement dans notre établissement.
Les IPC doivent avoir un droit de réponse. Ils et elles doivent pouvoir assumer pleinement leur responsabilité de fonctionnaire en utilisant leur force de proposition pour apporter des réponses ambitieuses aux vraies questions stratégiques que doit se poser Météo France pour définir son avenir : prévisions à toutes les échelles, changements climatiques, environnement….
Le SNM CGT invite les IPC à réagir en nous adressant toute contribution qu’ils souhaiteraient voir publier dans ce nouvel espace d’expression libre et anonyme pour tous (contrairement au forum de la DG). |
---|
Question aux IPC :
Les CDM, une bonne affaire ?
Pour vous en convaincre, il suffit de constater que selon les chiffres officiels communiqués par notre Direction, la simple prime d’un de nos cadres supérieurs IPC couvre pratiquement les frais de fonctionnements d’un CDM [1].
Les primes d’un IGPC couvrent le coût de fonctionnement d’un CDM.
Grades | Effectifs 2006 | Indemnités 2006 (ISS + PSR) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
. | . | Taux min€/an | Taux max€/an | Taux moyen €/an | Moyen par mois | Total pour le grade |
IGPC | 29 | 30117 | 45177 | 37647 | 3137 | 1091763 |
ICPC | 113 | 25116 | 39785 | 32450 | 2704 | 3666850 |
IPC | 63 | 19813 | 33147 | 26480 | 2206 | 1668240 |
L’indemnité des IGPC a progressé de plus 20% en deux ans et celle des ICPC de plus 14 %.
La prime d’un ICPC représente plus de cinq fois la prime d’un CT dernier échelon.
En 5 ans les primes des IGPC ont augmenté de + 88 % soit + 1470 €/mois.
En 5 ans les primes des ICPC ont augmenté de + 82 % soit + 1221 €/mois.
Le coût moyen théorique de fonctionnement d’un CDM est de 40000€ par an. Ce coût est de 35 k€ par an pour un CDM à 1+4 agents et de 57 k€ pour un CDM d’une quinzaine d’agents [2].
Le coût global des CDM de métropole peut donc être estimé à 97 x 40000 = 3 880 000 € par an, soit l’équivalent de 60 % des indemnités du corps des IPC.
Tout ceci simplement pour démontrer à notre encadrement supérieur que le coût de fonctionnement d’un CDM est ridiculement faible en comparaison du service rendu 365 jours par an au plus proche des besoins des usagers.
Les CDM ont un coût de fonctionnement ridicule.
Supprimer les CDM comme le propose notre PDG serait une très mauvaise affaire pour notre pays avec de graves conséquences au niveau de l’économie et de la société locale. Cette disparition aurait également un coût important dans la perspective d’un progrès en prévision qui avec une plus grande précision dans la résolution spatiale de nos modèles nécessiterait de traiter et de critiquer une masse toujours plus importante d’information. L’avenir passe par le développement de réseaux d’observations de plus en plus denses qui permettent d’alimenter et de calibrer nos modèles avec une haute résolution. Ce travail important même s’il est de plus en plus automatisé nécessitera de plus en plus de contrôles et de présence sur le terrain. Nous vivons l’automatisation depuis de trop nombreuses années pour ne pas savoir ce qu’elle coûte en ressources humaines. Le progrès en productivité n’est réellement un progrès que si le temps gagné est réinvesti.
Mais cela ne semble pas être compris par ceux-là mêmes qui devraient nous tracer cette route.
La présentation du projet de plan stratégique a été pour bon nombre d’agents l’occasion de découvrir le mépris d’une partie de notre encadrement supérieur pour le travail d’observation, climatologie et prévision qui fait le quotidien de nos collègues d’exploitation et le fondement de notre métier.
Des IPC de moins en moins Ingénieurs et de plus en plus Managers.
Des IPC de moins en moins techniques et de plus en plus politiques. Certains directeurs de région n’ont pas hésité à afficher leur accord avec la politique fonction publique du président de la république. Le personnel qui depuis des années et avec une obstination de tous les instants fait fonctionner l’établissement ne supporte pas d’être montré du doigt et stigmatisé par une poigné d’individus imbus de leur personne et qui dans leur tête ont déjà fait le choix d’abandonner la fonction publique. Leur salaire qui a considérablement progressé après la fusion des corps a creusé l’écart avec les autres corps. Cet écart que nous constatons de plus en plus est à la fois social et culturel. L’esprit de notre encadrement s’éloigne petit à petit de celui du fonctionnaire de base dont l’avenir est lié à celui de son service. Y a-t-il beaucoup d’IPC qui se sont ouvertement élevés contre la prime ITS à la tête du client ? Alors bien évidemment il ne faut pas généraliser et la majorité de nos collègues IPC ne se reconnaîtront pas dans cette critique mais il faut aussi admettre que ceux-ci ne font généralement pas partie de la classe dirigeante.
Plus que jamais nous avons besoin d’ingénieurs attachés aux missions de service public. Nous avons besoin d’ingénieurs qui aient une réelle ambition pour notre administration météorologique.
Tout comme nous le revendiquons pour les autres corps :
les primes des IPC devraient être intégrées au salaire ;
le plan de carrière devrait couvrir la totalité de la vie professionnelle ;
la promotion ne devrait pas être la conséquence de la « manière de servir » les uns ou les autres mais la reconnaissance d’une véritable compétence technique et administrative.
Nous avons besoin que l’encadrement technique de METEO-FRANCE reconnaisse l’importance des trois niveaux de prévision.
Nous avons besoin que les IPC prennent leurs responsabilités
dans l’avenir de la météorologie française.
Si aujourd’hui nous avons un ministère qui loin de proposer un développement du service public, prépare sa disparition, nous devons à la population de dire haut et fort ce qu’elle y perdra. C’est uni et en s’appuyant sur sa technicité que le personnel pourra se faire entendre.
Certains de nos cadre reconnaissent ne pas être forcément très à l’aise dans une fonction publique qui perd jour après jour de son prestige et de son âme, laissant l’utopie et l’humanisme d’après guerre au vestiaire pour se tourner résolument vers le libéralisme et l’accroissement des profits financiers pour une élite. Ne serait-il pas mieux de vivre et travailler en accord avec nos convictions ? Qu’a-t-on à y perdre de plus que nous ne perdrions pas dans tous les cas ? Les cadres de France-Télécom qui ont accompagné le démantèlement de leur administration, sont-ils plus heureux que les autres ?
Les CDM une bonne affaire ?
Point de vue d’un technicien de base.